Friday, 30 September 2011

Filindo (Philippines x Inde)

Il y a 2 mois, j'ai revu des amis de fac. Nous nous sommes organisés une mini-réunion… 10 ans après. On se retrouve, affirmés dans nos vocations/carrières professionnelles et des marmots plein les bras, adaptant nos journées aux horaires d’allaitement. Nous avons passé qu’une seule année ensemble… mais quelle année ! Nous partagions appartement, cuisine, bouteilles de vins et de bière, le même état d’esprit, les mêmes penchants idéalistes… et même le PQ ! J’ai adoré cette année universitaire, la meilleure de toutes mes années universitaires... et scolaires… et de loin ! Cela fait toujours plaisir de voir que nous arrivons à maintenir le lien, à se voir de temps à autre, bien que nous vivions éparpillés aux 4 coins du monde.
Vous voyez le film « L' Auberge Espagnole » ? Bien, la situation était la plus ou moins la même,  à la différence que les nationalités allaient bien au-delà des frontières européennes et nos histoires étaient moins portées sur le sexe et/ou l’amour (bien que certains aient trouvé l’âme sœur cette année-là). Cela va sembler cliché mais le côté ‘pote’ était pour nous prioritaire. Peut-être est-ce parce que l’on se rejoignait intellectuellement aussi - nous étions tous là pour un idéal commun : nous étudions pour une cause ‘humanitaire’, pour contribuer au Changement. C’est pourquoi nous avions tous choisi SOAS. Qu’est-ce que j’aimais y étudier.

J’aimais pour ses cours passionnants – à cette époque, les cours liés aux problématiques du développement et des droits de l'homme étaient encore rares – et pour sa diversité. Vous pouviez à peine mettre les pieds dans le hall de l’université que vous y voyez déjà toute sa diversité : un professeur de littérature caribéenne aux longues dreadlocks en grande discussion avec un activiste de droite, un moine bouddhiste se pressant d’aller à son séminaire, une étudiante voilée de la tête à pied faisant un compte rendu du cours précédent à un British de bonne famille, 2 minettes néo-ciber-punk coiffées de plastique fluo et chaussée de plateforme de 15 centimètres de haut… Au sous-sol, se trouvait un pub, où les langues se déliaient au rythme des descentes de pints de bières… ça parlait dans une atmosphère enfumée de post-développement, néo-marxisme/trotskisme/maoiste, ancien/nouveau/future modèle de développement, droits de l’homme de la femme de l’enfant des homosexuels… beaucoup prétendant ainsi de sauver le monde. Qu’est-ce que j’aimais cette ambiance.
La première fois que j’ai débarqué dans ce hall d’entrée, je me suis sentie tout de suite à l’aise dans mes baskets et ai pensé : « ça, c’est mon genre d’endroit ». Dans chaque école et université que j’ai pu fréquenté, je me suis toujours senti décalée, particulièrement dans les universités françaises, où une certaine homogénéité me dérangeait.  Une légère différence, que ce soit au niveau culturel, vestimentaire ou dans l’accent, marquait forcément une originalité. Finalement, à SOAS, je me suis sentie plutôt commune à toute cette diversité.
Et cela, j'ai apprécié. 
L’alcool et la bouffe était les autres points en commun avec mes coloc et voisins. A cette époque je ne cuisinais pas beaucoup mais j’adorais goûter la cuisine de mes potes : de l’italien à l’indien, du jordanien au japonais, de l’américain au ghanéen…  Parfois, cela pouvait donner une cuisine 'fusion' assez intéressante. A une rare occasion, je me suis aventurée aux fourneaux. Un plat des Philippines, que j’avais mangé lors de mon séjour chez les Aytas, chez qui je menais un travail d’enquête anthropologique pour ma maîtrise. J’avais demandé à ma mère la recette.
Pendant que j'essayais de reproduire la recette, une copine d’origine indienne y a mis son grain de sel. Et cela a donné un résultat assez satisfaisant, apprécié par tous nos camarades ! Nous avons décidé d'appeler cette nouvelle version du plat « Filindo ». 

Les ingrédients principaux sont les feuilles de malunggay (ou Moringa en anglais) et les fèves de mungo. Il est difficile d’en trouver, à moins d'habiter aux Philippines ou en Inde (où ils l'appellent Sajina).  Un légume très sain apparemment : selon le bureau philippin de l'industrie des plantes « de poids équivalent, les feuilles de Moringa ont autant de calcium que 4 verres de lait, la même teneur en vitamine C que 7 oranges, en potassium que 3 bananes, 3 fois plus de fer que les épinards, 4 fois plus de vitamine A que la carotte, et de 2 fois plus de protéine que le lait. La Moringa aide également à purifier l'eau, une alternative mois chère que la filtration mécanique »… et peut même être employé comme biofuel… que ça ! ! ! Super Veg à l’action!  

Quoi qu'il en soit, si vous n’avez pas la chance d’avoir de la verdure miracle par chez vous, épinards ou autres feuilles comestibles pourront faire l’affaire. Au Mozambique, quand je n’arrive pas à trouver des épinards, j'utilise l' « espinafre », une variété locale d’épinard, plus grasse.
De gauche a droite: Malunggay, Epinard, 'Espinafre' mozambicain



J'ai pu trouver des haricots mungo dans les 5 continents… un de ces produits quasi universels ! Mais, si vraiment vous n’en trouvez pas, les lentilles sont une bonne alternative.

Ingrédients :  
  • 1 tasse de haricots mungo pré-cuits
  • Un bon bouquet de malunggay ou de haricot
  • 1 boîte de conserve de lait de coco (pour les plus courageux : voici comment faire son propre lait de coco)
  • 1 oignon
  • 2-3 gousses d’ail
  • Des épices (LA touche indienne): du gingembre (si possible frais), des piments séchés, et 2-3 clous de girofle.

    1. Cuire les haricots mungo dans un casserole d’eau
    2. Faire chauffer de l’huile et y ajouter le gingembre rapé, les piments et les clous de girofle. Laissez infuser pendant 1~2 minutes.
    3. Ajouter l'oignon et l'ail et cuire jusqu'à ce que l'oignon soit un peu transparent
    4. Ajouter les haricots mungo cuits et le lait de noix de coco.
    5. Ajouter les feuilles de malunggay ou d’épinard et faire cuire le tout environ 5 minutes.
    6. Pour ceux qui habitent en Asie ou qui ont de la chance d’avoir un magasin asiatique dans leur voisinage, vous pouvez toujours ajouter un filet de patis ou de sauce à poissons pour plus de saveur.   
 Servir chaud avec du riz !



Saturday, 24 September 2011

Lait au thym (Maroc)

Pour  M.
Comme je le disais dans mon dernier post, un sale temps couvre la ville… et je me retrouve avec mes deux bouts de chou coincés à la maison avec une bonne crève. Et voilà comment m’est venu l'idée de partager cette recette tout simple. Chaque fois que je chope un bon rhum, j’adopte un rituelparticulier pendant 2-3 jours, le temps de me remettre sur pied : le grog classique citron + miel, et j’applique du vaporub sur ma poitrine et mon dos (ainsi que sur la plante de mes pieds… si, si, ça a de l’effet !)  et de la beaume de tigre sur les ailes de mon nez et mes tempes (je sais, tout ça est loin d’être sexy !)… et juste avant d’aller me coucher, je me fais un lait chaud au miel et au thym. C’est l’une des rares occasions où je me permet un lait chaud (intolérance au lactose).
Ce petit rituel me vient des années fac. Je partageais une petite maison bleue avec une amie… quasiment n’importe qui pouvait y rentrer librement. Il nous est même arrivé de partir boire une verre dans la rue d’à côté en laissant une ribambelle de personnes faire la fête dans notre maison. Une minette du Maroc venait régulièrement nous visiter, que j’appellerai M. Un vrai bol d’air frais comparé à tous ces uberlulus qui nous envahissaient !  Je ne l’ai malheureusement pas beaucoup connue. Ce dont je me souviens, c’était sur sa lutte pour obtenir un visa après avoir terminé ces études en France… et de son lait au thym et au miel qu’elle venait faire chez nous – un bon break régénérateur après tout l’alcool – autre substance illicites – que l’on pouvait bien ingurgiter a cette époque !Une boisson qui lui venait de son 'bled'...
J’ai malheureusement appris il y a 2 ans, qu’elle avait décédé. Cancer du sein.
Depuis, à chaque fois que je me retrouve devant mon mug de lait chaud, je pense à toutes ces victimes et combattantes de cette terrible maladie. Respect à elles (et aussi à quelques ‘eux’).
Au passage, sachez que le thym a des propriétés médicinales et est un bon antiseptique… il est excellent pour lutter contre les symptômes grippales.Vérifiez sur wikipedia!
Aussi suis-je reconnaissante à M pour cette recette si simple mais efficace.  

Ingrédients : 
  • Un mug de lait
  • 3 branches de thym
  • 2 – 3 cuillère à café
      Chauffer votre lait (ne pas le bouillir) pendant 15-20 minutes en laissant le thym infuser. Avant d’éteindre le feu, rajouter le miel.
Touillez, appréciez et rétablissez-vous.



Thursday, 22 September 2011

Tarte briochée aux pommes (France)


Aujourd’hui, le temps est bien maussade… il pleut, il fait ni chaud ni froid, et le ciel est d’un gris uniforme. En fait, c’est un super temps pour une bonne tarte aux pommes, un vrai « comfort food » pour une telle grisaille! Puis l'un des gâteaux préférés de ma fille!

Quand ma fille est née, je me suis dit que si je voulais être une bonne mère, il fallait que je sache faire des gâteaux. Depuis, je m’essaie à différentes recettes. Le début de mes essais étaient catastrophiques – au grand dam de mon conjoint ! Aucune maîtrise du temps, pâte à tarte cramée, grumeaux dans ma crème pâtissière, résultat trop sucrée, pas assez sucrée, trop compacte, ou pas assez cuit… mais, têtue que je suis, j’ai persisté, je me suis acharnée sur les moules, le four et la farine… et je dois dire qu’aujourd’hui je ne m’en sors pas trop mal !
Alors je ne sais pas si cela fait de moi une meilleure mère, mais, au moins, peut-être que cela peut compenser par ailleurs certains de mes défauts…
Je reviendrai plus longuement sur cet état de « mère », et plus spécifiquement sur qu’être une mère ‘expatriée’/ (ou apatride ou nomade…), qui est une mère comme tout autre, mais, il faut bien le dire, avec des défis bien particuliers en plus !


Ingrédients :
Pour la pâte
  • 300g de farine
  • 100ml de lait
  • 50ml d’huile ou de beurre
  • 1 pincée de sel
  • 1 œuf
  • 1 cac de levure de boulanger
  • 2 cac de sucre + 1cac vanille (essence ou poudre)
Pour la préparation des pommes
  • Jus d’un ½ citron
  • 50g de sucre
  • Vanille
  • 3 pommes (ou variante : 2 pommes et 1 poire)
  • Poudre de cannelle
  • 3 cas de lait + sucre (pour saupoudrer la tarte)
Compote de pomme
  • 1 filet de Jus de citron
  • Sucre
  • 3 pommes
  • Une noisette de beurre
  • Vanille
  • 3 pommes

1. La pâte :
Mettre la levure dans le lait tiédi et le sucre. Faire reposer pendant une dizaine de minutes, jusqu’à ce que ça gonfle.
Une fois le mélange de levure gonflé, y ajouter l’œuf, le beurre/huile, la vanille et le sel
Ajouter la farine et malaxer jusqu’à l’obtention d’une pâte souple et homogène.
Laisser reposer une petit heure.
En attendant que la pâte gonfle :
2. Compote de pommes:
Dans une casserole, faire les pommes coupées en petits morceaux, avec le filet de citron, le sucre et la cannelle.
Une fois cuites, écraser les pommes avec une fourchette.
3. Préparation pommes :
Faire bouillir l’eau avec le citron, le sucre et la vanille
Plonger les pommes coupées en petits quartiers dans le sirop et cuir pendant 5 minutes.
Je garde le sirop de côté pour en faire un nappage, mais c’est tout à fait optionel ! Si vous avez de l’agar agar en main : rebouillir le sirop, et y ajouter du agar agar
4. Assemblage :
Une fois la pâte gonflée, dégazer en donnant un bon coup de poing dessus ! Malaxer. Puis l'applatir au rouleau à pâtisserie (ou avec une bouteille ou avec un verre long!) et le placer dans le moule.
Couvrir la pâte de compote
Y placer les quartiers de pommes
Badigeonner de lait le contour de la pâte. Et saupoudrer de sucre et de cannelle (ou d’amandes effilées) toute la tarte.
Faire cuire au four pendant une trentaine de minutes.
A la sortie du four, on peut napper la tarte. Si vous avez de l’agar agar en main : rebouillir le sirop utilisé pour précuire les pommes, et y ajouter du agar agar. Napper la tarte du mélange et laisser refroidir un peu (patience…)

Une bonne tarte toute simple à faire… des pommes, normalement, ca se trouve partout. Sinon à remplacer par des fruits disponibles localement : je verrais bien ça avec de l’ananas aussi. J’en ai faite une pomme/poire, ce n’était pas mal du tout non plus.

Wednesday, 31 August 2011

Pan de Sal (Philippines)

Cagayan de Oro
"Cagayan de Oro, sur l'ile de Mindanao"
J'ai des origines Philippines... et l'une des choses que j'adore par dessus quand je rentre aux Philippines, ce sont ces petits pains appeles 'pan de sal' (=pain de sel), que l'on mange surtout au petit dejeuner... tellement simple a faire et si bon a deguster une fois sorti du four, tout chaud, tout tendre... Un jour, au Mozambique, 2 semaines apres un court sejour aux Philippines, je me suis reveillee avec une grosse envie de ces petits pains... alors j'ai mis la main a la pate et tente de reproduire les petits pan de sal... Et voici le resultat:









Bon, j'ai encore des efforts a faire pour retrouver le moelleux original... il faut donc laisser la pate reposer bien longtemps. 








La recette Pan de Sal (Philippines):
Ingrédients:
  • 4 tasse de farine
  •   ½ tasse de sucre
  • 5 cuilleres a soupe de beurre fondu
  • 1 cuillere a cafe de levure chimique
  • 1¼ tasse de lait chaud
  • 1 sachet de levure boulangere
  • 1 cuillere a cafe de sel
  • 1 tasse de panure (cela peut etre des corn flakes ou du pain rassis passe au mixeur ou bien ecrase dans un sachet en plastique)
  • 1 oeuf
  • 1 cuillere a soupe d'huile


  1. Melanger la levure boulangere avec le sucre et le lait chaud. Laisser reposer. 
  2. Bien mixer la farine, le sucre, le sel et la levure chimique
  3. Puis y rajouter l'oeuf, le beurre, l'huile et le melange de levure boulangere
  4. Petrir la pate et la laisser reposer, couverte d'un torchon humide, pendant au moins 1 heure 
  5. Diviser la pate une fois gonflee en 4 parties egales, les rouler pour former de gros boudins (!) et couper des parts diagonalement  
  6. Rouler chaque morceaux dans la panure
  7. Laisser reposer 10-20 minutes. Entre temps, prechauffer le four.
  8. Cuir les petits pains pendant une dizaine de minutes.  
PS: Pour les conversions tasse en ml ou en gramme, je vous conseille le site internet The Metric Kitchen.
Ou pour les francophones: http://www.recettes.qc.ca/conversions/

Et un de plus sur la cuisine dans la bogosphere!

Un blog sur la cuisine... et encore un autre! Mais cette fois-ci dedie a tous ceux qui vivent en mode 'expat', 'sans frontiere', 'nomade' ou tout simplement apatride! Un blog qui propose de cuisiner simplement, sans fioriture, sans materiel ou produit dernier cri,  avec ce que l'on a sous la main, ou que l'on soit base...
Car c’est ca, la beaute du voyage : de pouvoir gouter a tout, s’ouvrir a d’autres horizons culinaires, titiller son palais aux differentes rencontres gustatives… mais aussi le plus triste quand on quitte un pays, une region, c’est de devoir abandonner certaines saveurs, certains aliments fetiches…   
Un kabuli a Paris? C'est possible! Un dahl aux Philippines? Encore possible! Une tarte meringuee au Liberia? Toujours possible! Des raviolis faits maison aux fins fonds de la brousse... he oui, avec des ustensiles et des ingredients simples (plus on voyage plus on se rend compte qu'il existe vraiment des produits transfrontaliers!) et un peu de creativite, quasiment tout est possible! A vos fourneaux donc!

PS: Surtout n’hesitez pas a y mettre vos commentaires, vos suggestions, vos conseils pour adapter les recettes a votre contexte regional et culturel !