Il y a 2 mois, j'ai revu des amis de fac. Nous nous sommes organisés une mini-réunion… 10 ans après. On se retrouve, affirmés dans nos vocations/carrières professionnelles et des marmots plein les bras, adaptant nos journées aux horaires d’allaitement. Nous avons passé qu’une seule année ensemble… mais quelle année ! Nous partagions appartement, cuisine, bouteilles de vins et de bière, le même état d’esprit, les mêmes penchants idéalistes… et même le PQ ! J’ai adoré cette année universitaire, la meilleure de toutes mes années universitaires... et scolaires… et de loin ! Cela fait toujours plaisir de voir que nous arrivons à maintenir le lien, à se voir de temps à autre, bien que nous vivions éparpillés aux 4 coins du monde.
Vous voyez le film « L' Auberge Espagnole » ? Bien, la situation était la plus ou moins la même, à la différence que les nationalités allaient bien au-delà des frontières européennes et nos histoires étaient moins portées sur le sexe et/ou l’amour (bien que certains aient trouvé l’âme sœur cette année-là). Cela va sembler cliché mais le côté ‘pote’ était pour nous prioritaire. Peut-être est-ce parce que l’on se rejoignait intellectuellement aussi - nous étions tous là pour un idéal commun : nous étudions pour une cause ‘humanitaire’, pour contribuer au Changement. C’est pourquoi nous avions tous choisi SOAS. Qu’est-ce que j’aimais y étudier.
J’aimais pour ses cours passionnants – à cette époque, les cours liés aux problématiques du développement et des droits de l'homme étaient encore rares – et pour sa diversité. Vous pouviez à peine mettre les pieds dans le hall de l’université que vous y voyez déjà toute sa diversité : un professeur de littérature caribéenne aux longues dreadlocks en grande discussion avec un activiste de droite, un moine bouddhiste se pressant d’aller à son séminaire, une étudiante voilée de la tête à pied faisant un compte rendu du cours précédent à un British de bonne famille, 2 minettes néo-ciber-punk coiffées de plastique fluo et chaussée de plateforme de 15 centimètres de haut… Au sous-sol, se trouvait un pub, où les langues se déliaient au rythme des descentes de pints de bières… ça parlait dans une atmosphère enfumée de post-développement, néo-marxisme/trotskisme/maoiste, ancien/nouveau/future modèle de développement, droits de l’homme de la femme de l’enfant des homosexuels… beaucoup prétendant ainsi de sauver le monde. Qu’est-ce que j’aimais cette ambiance.
La première fois que j’ai débarqué dans ce hall d’entrée, je me suis sentie tout de suite à l’aise dans mes baskets et ai pensé : « ça, c’est mon genre d’endroit ». Dans chaque école et université que j’ai pu fréquenté, je me suis toujours senti décalée, particulièrement dans les universités françaises, où une certaine homogénéité me dérangeait. Une légère différence, que ce soit au niveau culturel, vestimentaire ou dans l’accent, marquait forcément une originalité. Finalement, à SOAS, je me suis sentie plutôt commune à toute cette diversité.
Et cela, j'ai apprécié.
L’alcool et la bouffe était les autres points en commun avec mes coloc et voisins. A cette époque je ne cuisinais pas beaucoup mais j’adorais goûter la cuisine de mes potes : de l’italien à l’indien, du jordanien au japonais, de l’américain au ghanéen… Parfois, cela pouvait donner une cuisine 'fusion' assez intéressante. A une rare occasion, je me suis aventurée aux fourneaux. Un plat des Philippines, que j’avais mangé lors de mon séjour chez les Aytas, chez qui je menais un travail d’enquête anthropologique pour ma maîtrise. J’avais demandé à ma mère la recette.
Pendant que j'essayais de reproduire la recette, une copine d’origine indienne y a mis son grain de sel. Et cela a donné un résultat assez satisfaisant, apprécié par tous nos camarades ! Nous avons décidé d'appeler cette nouvelle version du plat « Filindo ».
Les ingrédients principaux sont les feuilles de malunggay (ou Moringa en anglais) et les fèves de mungo. Il est difficile d’en trouver, à moins d'habiter aux Philippines ou en Inde (où ils l'appellent Sajina). Un légume très sain apparemment : selon le bureau philippin de l'industrie des plantes « de poids équivalent, les feuilles de Moringa ont autant de calcium que 4 verres de lait, la même teneur en vitamine C que 7 oranges, en potassium que 3 bananes, 3 fois plus de fer que les épinards, 4 fois plus de vitamine A que la carotte, et de 2 fois plus de protéine que le lait. La Moringa aide également à purifier l'eau, une alternative mois chère que la filtration mécanique »… et peut même être employé comme biofuel… que ça ! ! ! Super Veg à l’action!
Quoi qu'il en soit, si vous n’avez pas la chance d’avoir de la verdure miracle par chez vous, épinards ou autres feuilles comestibles pourront faire l’affaire. Au Mozambique, quand je n’arrive pas à trouver des épinards, j'utilise l' « espinafre », une variété locale d’épinard, plus grasse.
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De gauche a droite: Malunggay, Epinard, 'Espinafre' mozambicain |
J'ai pu trouver des haricots mungo dans les 5 continents… un de ces produits quasi universels ! Mais, si vraiment vous n’en trouvez pas, les lentilles sont une bonne alternative.
Ingrédients :
- 1 tasse de haricots mungo pré-cuits
- Un bon bouquet de malunggay ou de haricot
- 1 boîte de conserve de lait de coco (pour les plus courageux : voici comment faire son propre lait de coco)
- 1 oignon
- 2-3 gousses d’ail
- Des épices (LA touche indienne): du gingembre (si possible frais), des piments séchés, et 2-3 clous de girofle.
- Cuire les haricots mungo dans un casserole d’eau
- Faire chauffer de l’huile et y ajouter le gingembre rapé, les piments et les clous de girofle. Laissez infuser pendant 1~2 minutes.
- Ajouter l'oignon et l'ail et cuire jusqu'à ce que l'oignon soit un peu transparent
- Ajouter les haricots mungo cuits et le lait de noix de coco.
- Ajouter les feuilles de malunggay ou d’épinard et faire cuire le tout environ 5 minutes.
- Pour ceux qui habitent en Asie ou qui ont de la chance d’avoir un magasin asiatique dans leur voisinage, vous pouvez toujours ajouter un filet de patis ou de sauce à poissons pour plus de saveur.
Servir chaud avec du riz !